Croquis de Tokyo
In complement to the impressions already described in my article Yes Tokyo Yes, here are the sketches I made there last spring, with some French texts. Quelques croquis réalisés à Tokyo au printemps dernier, en complément des impressions déjà décrites en anglais dans mon article Yes Tokyo Yes.
Flânerie à Asakusa
Ligne express depuis Narita : en récupérant ses bagages, mon voisin laisse apparaître ses dessous. Sous son costume foncé il porte un caleçon mauve étoilé. Le soleil m'attrape à la sortie du métro. Il fait beau bien plus beau qu'au nord.
Au bord de la Sumida les cerisiers d'une variété à pompons sont encore en fleurs, à moins que ce ne soit des pruniers, je ne sais pas trop, mais ça n'a pas d'importance. Ce qui en a c'est qu'ils sont beaux alors on les photographie on les dessine on se selfie avec eux - regarde-moi j'y étais, j'y suis - Moi sur fond de pétales roses - moi sous toutes les coutures et dans toutes les poses - et moi je ferais bien un self-croquis parmi les fleurs...
Le long de la Sumida les touristes se déguisent en geishas. Un peu criardes, un peu fluos, mais c'est quand-même joli à l'oeil, même si c'est du toc. Des fausses geishas chinoises, blondes ou musulmanes qui trottinent sur leur socques.
Vacarme !
L'échangeur et les trains L'horrible son de l'horrible harmonica d'un très mauvais musicien
ça n'empêche pas de lézarder au soleil comme ces petites vieilles avec un seul homme, posés sur une bâche bleue avec leurs bentos
Ils font hanami sous un arbre fané Et font plus de bruit que les trains, et couvrent l'harmonica.
De l'autre côté de l'eau Des ouvriers roupillent, couchés sur le dos à même leur chantier ils n'ont pas enlevé leur casque : on ne sait jamais!
Au parc Sumida, comme les clochards et les tortues
Je pique un roupillon au soleil ...
Retour par l'autre pont Le Senso-ji grouille de monde. Odeurs d'encens. Bruits de cloches sourdes. Choc sec des baguettes de prédiction dans la boîte en bois. Voyage dans le temps. Je me revois ici même avec Sayako, quatre années déjà ? Tokyo, me revoilà !
Je m'échappe de la foule, craque pour un pain au melon, trouve une rue plus calme où poser mes plumes. Les badauds m'abordent. Touristes, marchands et salarymen viennent commenter le croquis en japonais, en anglais, en français en brésilien et en langue de signes.
Kabuki à Ginza
Daibutsu à Kamakura
Quand j'étais petite, j'avais une vieille image Artis Historia du grand Bouddha de Kamakura. La photo aux teintes saturées s'est longtemps baladée un peu par hasard sur mon bureau et les douces formes du bouddha se sont lentement imprimées dans ma mémoire. Si bien qu'en arrivant au pied du véritable Daibutsu le jour de mes 34 ans, j'ai retrouvé le sourire d'un copain.
Ce grand bouddha, c'est quelque chose ! Ce n'est pas une statue, c'est une présence ! Son caractère indéchiffrable, vaguement familier, son magnétisme généreux ne sont pas dans les cartes postales ! Impressionnant n'est pas le mot qui convient pour le décrire, même s'il émet une puissance à part. Il est, tout simplement. Généreusement présent. Si tu vas à Kamakura, ne te borne pas à prendre une belle statue en photo. Tu peux entrer à l'intérieur, voir ses soudures. Tu peux t'asseoir près de lui, ne rien faire. Laisse-le aussi entrer en toi ! Si tu vas à Kamakura, ce sourire, tu en auras toujours un peu sur toi.
Fuji-San à Kamaguchiko
On ne dit pas Mont Fuji, on dit "Monsieur Fuji". Monsieur Fuji joue volontiers à cache-cache avec les nuages et les brouillards. Monsieur Fuji est là, mais peut s'évaporer en quelques minutes. Complètement. Monsieur Fuji fume, un peu. Avec délicatesse. Monsieur Fuji est coiffé joliment d'un peu de neige. Monsieur Fuji d'ici est très symétrique. Est-ce que Monsieur Fuji est lui aussi habité par un peuple de cigales ? Ici, à Kamaguchiko, elles saturent l'air.